19/03/2016
Le Temple de Salomon a été pendant longtemps une énigme pour les archéologues d’une part et une réalité pour les religions du Livre et certains mouvements philosophiques d’autre part. Tout commença, d’après la légende, en 967 avant J.C avec le roi Salomon qui régnait en Israël. Son père David, l’avait placé sur le trône afin qu’il apportât la paix à son peuple (Salomon ou Shlemo la paix). David avait acquis des matériaux pour construire un temple magnifique à la gloire de l’Éternel afin de conserver la précieuse Arche d’Alliance dans le Saint des Saints. Le Temple de Salomon fut bâti dans l’aire d’Ornan le Jésubien sur la colline de Moria proche de Jérusalem. Les Textes nous rapportent que Salomon fit appel à un très bon architecte pour réaliser son grand projet.
Son cousin Hiram, roi de Tyr lui présenta un de ses sujets prénommé également Hiram et pour le distinguer du prince, on l’appela Abif, c’est-à-dire Hiram l’orphelin ou le fils de la veuve, puisqu’il n’avait pas connu son père. Hiram Abif connaissait tous les secrets de la construction et la Science des sciences dont Dieu avait fixé les règles afin de construire le monde. Il était par ailleurs Maître artisan, sachant utiliser tous les outils dans toutes les techniques de l’œuvre. Il était grand, beau et portait autour du cou un bijou de son père, de forme triangulaire sur lequel était gravé un œil à l’avers, et au revers les quatre lettres sacrés ou Tétragramaton : IOD HE VAU HE !
Salomon fut séduit par Hiram et le chargea de construire le Temple qui serait dédié à tous les hommes et non pas seulement au peuple juif, chacun pouvant y venir pour prier à son gré. Aussi ce furent des hommes de tous les pays du monde qui vinrent construire ce magnifique édifice.
Le Temple de Salomon était presque achevé quand Hiram Abif fut la victime d’un meurtre dont les Franc-Maçons honorent aujourd’hui encore la mémoire, clef de voûte de la symbolique. Nous y reviendrons plus loin…Pour comprendre Hiram, il faut plonger au cœur de l’Antiquité dans ce qui était appelé Les Écoles de Mystères, dans lesquelles était dispensé un Enseignement sacré.
Au Moyen-âge, les corporations de bâtisseurs français étaient liées à des franchises qui faisaient d’eux des maçons libres donc « francs ». Mais pour autant l’expression free-mason ou franc-maçon n’est pas en vigueur avant les années 1730, où il est mentionné dans le discours du chevalier de Ramsay.
On peut dire que c’est à cette époque que l’ordre de la Franç-Maçonnerie vit réellement le jour et elle ajouta à son symbolisme l’histoire légendaire du roi Hiram et du temple de Salomon pour le puissant symbolisme qu’elle renfermait.
Le Temple de Salomon a-t-il vraiment existé?
La question qui se pose encore aujourd’hui historiquement, est de savoir si Salomon et son Temple ont réellement existé. D’aucuns nous diront que des vestiges subsistent encore à Jérusalem et que le fameux mur des lamentations en est la preuve tangible. Rien n’est moins sûr. Certes il y eut un Temple à cet emplacement à Jérusalem mais quelle preuve a-t-on qu’il s’agissait bien de celui construit par Hiram ? Malheureusement les datations dans le domaine archéologique n’ont pas permis de corroborer de manière précise les dates des nombreux objets trouvés sous les ruines dans l’aire où était supposé exister le Temple. On pense plutôt aujourd’hui à une construction romaine.
On ne retrouve nulle part trace du roi Salomon, en dehors de la Bible. La description de son magnifique palais et de sa ville concorde avec celle des contes perses, mais tous les voyageurs de l’époque que ce soit Flavius Josèphe ou encore Hérodote en ignoraient l’existence. Cet érudit, connu comme le père de l’Histoire, ne fait mention de ce personnage pas plus que le grand Platon, initié pendant vingt ans dans les temples égyptiens.
Il est curieux de mentionner que nulle part il est fait état de ce monarque si connu d’après la Bible, si apprécié et si fastueux. Comment se fait-il alors que la construction d’un Temple nécessitant 8 millions d’or de l’époque ait été passée sous silence par les grands historiens, vivant tous dans le même périmètre géographique ? Alors où faut-il trouver l’origine de tout cela ? Quelle est la dimension cachée d’une telle histoire ?
L’Égypte des Grands Mystères
Il faut savoir qu’en ces temps anciens, l’Égypte, la Palestine, Babylone, représentaient des royaumes importants très proches les uns des autres. Et c’est bien sûr l’Égypte qui attire ici notre attention. Il a été mentionné, plus haut, les Écoles de Mystères égyptiennes, dans lesquelles était enseignée la Science des Sciences.
Pour cela il faut envisager un personnage faisant le lien entre la Palestine et l’Égypte : c’est Moïse. Celui-ci fut Initié à la Mystagogie égyptienne et basa les Mystères religieux de la nouvelle nation qu’il fonda, sur les mêmes formules abstraites dérivées du cycle sidéral égyptien, symbolisé par la forme et les dimensions du Tabernacle, qu’il est supposé avoir construit dans le Désert.
Moïse avait hérité de la culture égyptienne. Il était prêtre d’Osiris, comme le démontre Fabre-d’Olivet dans son œuvre. Les constructeurs des pyramides (qu’il faut situer bien plus longtemps avant le règne de Khéops – Voir mon livre : « Le Choix atlante ») maîtrisaient l’architecture. Ils étaient parvenus, dans ce domaine, à des connaissances inégalées encore aujourd’hui.
La pyramide synthétise tout en elle-même. Et les Égyptiens des nouvelles dynasties après Mènes, héritèrent de certaines parcelles de ces antiques secrets. Plus tard encore, architectes et maçons juifs rapportèrent quelques-uns de ces secrets égyptiens et -dit-on- employèrent la mesure de la coudée sacrée, valeur qui fut employée pour la construction du Temple de Salomon, de l’Arche de Noé et de l’Arche d’Alliance d’après la Torah.
Les Juifs tirèrent profit de la transmission de Moïse, grand initié, via les Hébreux. Sur ces données, les grands-prêtres hébreux postérieurs, édifièrent l’allégorie du Temple de Salomon (construction qui n’a jamais réellement existé, pas plus que le Roi Salomon lui-même et la reine de Saba, qui n’est qu’un mythe solaire, tout comme le plus récent Hiram Abif des Francs-Maçons).
Par conséquent, si les mesures de ce Temple allégorique, symbole du cycle de l’Initiation, coïncident avec d’autres constructions sacrées, cela tient à l’Enseignement que Moïse rapporta d’Égypte. Ce pays étant considéré par tous les hermétistes comme le creuset de la Connaissance avec l’Inde, Mère historique.
Hiram et le mythe solaire
Puisque Hiram et Salomon ainsi que le Temple sont des mythes, à quoi celui-ci se raccroche-t-il ? Pourquoi la Franc-Maçonnerie en a-t-elle héritée ? Il vient d’être mentionné l’importance de la mesure chez les Égyptiens. La perfection des temples n’était que l’image extérieure de la perfection intérieure à laquelle on parvient par l’Initiation et le travail sur les métaux en soi. Nous touchons ici à un travail solaire d’alchimique interne, sur lequel repose entièrement le mythe d’Hiram. Voyons plutôt.
L’Hiram biblique, le grand héros de la Franc-Maçonnerie (le « fils de la veuve »), est dérivé du mythe d’Osiris, le Dieu solaire. Le nom de Hiram qui signifie « l’architecte » (« l’élevé »), est un titre qui appartient au Soleil. Tous les Occultistes connaissent les rapports étroits qui rattachent Osiris aux Pyramides, les récits concernant Salomon, son Temple et sa construction, que l’on trouve dans les Livres des Rois de l’Ancien Testament.
Les Francs-Maçons ignorent peut-être le fait que cette dernière allégorie est composée d’après le symbolisme Égyptien et d’après d’autres symbolismes plus anciens encore. Un auteur du nom de Pagon l’explique en prouvant que les trois compagnons d’Hiram symbolisent le cycle solaire. Il dit : « Les « trois meurtriers », représentent les trois derniers mois de l’année et Hiram représente le Soleil – à partir de son solstice d’été, lorsqu’il commence à décroître – car le rituel entier n’est qu’une allégorie astronomique.
En effet, durant le solstice d’été, le Soleil génère des chants de gratitude de la part de tout ce qui respire. Aussi Hiram, qui le représente, peut-il donner, à tous ceux qui y ont droit, le mot sacré, c’est-à-dire la vie. Lorsque le soleil descend dans les signes inférieurs, toute la Nature devient muette et Hiram ne peut plus donner le mot sacré aux compagnons, qui représentent les trois mois inertes de l’année.
Jadis dans les Mystères mineurs, le troisième degré était employé, tant en Égypte qu’en Inde, et son souvenir se retrouve jusqu’à présent sous le nom de « mort et résurrection d’Hiram Abiff, le « Fils de la Veuve ». En Égypte, ce dernier était appelé « Osiris » et le rite lui-même portait partout le nom de « portail de la mort ».
Le cercueil ou sarcophage d’Osiris, tué par Typhon, était apporté et placé au milieu du Hall des Morts, avec les Initiés rangés tout autour et le candidat placé à côté. On demandait à ce dernier s’il avait participé au meurtre et, en dépit de sa réponse négative, après diverses épreuves très pénibles, l’Initiateur feignait de frapper à la tête avec une hachette : il était renversé, enveloppé de bandages comme une momie et on pleurait sur lui. Puis venaient les éclairs et le tonnerre, le supposé cadavre était entouré de feu et, enfin, il était rappelé à la vie.
Le programme des Mystères
C’est sur cette connaissance qu’était fondé le programme des MYSTÈRES et de la série des Initiations. Chaque disciple prenait pour référence la construction de la Pyramide, qui était l’archive muette et éternelle, symbole indestructible de ces Mystères et de ces Initiations sur Terre, comme l’est dans le ciel la correspondance des étoiles et des mondes lointains. Le cycle de l’Initiation était une reproduction en miniature de cette grande série de changements cosmiques, à laquelle les astronomes ont donné le nom d’Année Tropique ou Sidérale.
De même qu’à la fin du cycle de l’Année Sidérale (25.868 ans), les corps célestes reviennent aux positions relatives, qu’ils occupaient à son début, de même, à la fin du cycle de l’Initiation, l’Homme Intérieur a regagné l’état primitif de pureté et de Connaissance divines, d’où il est parti pour entreprendre son cycle d’incarnation terrestre.
Le symbolisme où Hiram Abiff était vraiment tué, a survécu, et nous allons maintenant y revenir. Ce n’est pas seulement un rite astronomique, mais c’est le plus solennel des rites, héritage des Mystères Archaïques, qui a traversé toutes les époques et qui n’appartient à personne.
Il représente tout un drame du Cycle de la Vie, des incarnations progressives et des secrets tant psychiques que physiologiques, dont ni l’Église ni la Science ne savent rien, bien que ce soit ce même rite qui ait conduit l’Église au plus grand de ses Mystères Chrétiens.
Le Temple de Salomon
La construction du Temple de Salomon est purement allégorique et symbolique et n’est l’apanage d’aucun mouvement ou ordre, ni d’aucune religion. Son érection est la représentation symbolique du parcours graduel du disciple à la recherche de la sagesse secrète, c’est-à-dire, la Magie, le développement de l’aspect spirituel de tout être humain en partant du plan terrestre. Elle est la marque de la puissance de l’esprit dans notre monde, par et le disciple en est l’expression en construisant son propre temple.
Lorsqu’il devient un Adepte, il est un roi aussi puissant que Salomon lui-même, emblème de la Lumière solaire qui éclaire les ténèbres de l’univers objectif. C’est ce fameux Temple dont parle le Christ dans les Évangiles, ce Temple qu’Il peut reconstruire en trois jours. En Orient, cette science est appelée, dans certains endroits, le « Temple aux sept étages », comme le souligne H.P Blavatsky dans ses ouvrages.
Dans certaines confréries orientales, où on étudie la Magie, les élèves, portent le nom de Constructeurs – car ils édifient en eux le Temple de la Connaissance. On les appelle actifs, lorsqu’ils travaillent sur l’aspect pratique ou opératif, tandis que les néophytes n’étudient que la théorie et sont spéculatifs. Les premiers par la pureté de leur travail contrôlent les forces de la nature animée et inanimée. Les autres (et c’est le passage obligé) étudient la Science sacrée pour atteindre un jour, la maîtrise pratique.
Le Temple de Salomon est donc le Temple où règne la Paix réelle, la Paix intérieure, celle de l’Esprit. Il est aussi l’archétype du Temple terrestre aux mesures sacrées à l’instar de la Grande Pyramide, modèle de la forme idéale, véhicule de la Force universelle. Il aussi est le Temple cosmique celui qui dessine la course du soleil dans lequel est caché la Shekinah ou l’Arche d’Alliance, l’éternel Logos Père-Mère qui génère toute la Création. Il est enfin l’homme microcosmique, dont la fonction magique est de parvenir à se transcender pour faire jaillir en lui la Lumière solaire et trouver sa vraie place dans l’Univers.
Celui ou celle qui veut donc parvenir à la Sagesse doit bâtir chaque jour, chaque instant, son édifice intérieur à la gloire du Dieu vivant qui est en lui, à l’instar d’Osiris le Dieu solaire. Avec cette allégorie nous avons la représentation de la Quête initiatique qui, de toute Antiquité, a été le fondement de l’évolution intérieure. Ce symbolisme est universel et n’appartient à aucun groupe, à aucune école, aucune religion. Il donne les clefs fondamentales qui nous permettent de sublimer notre nature inférieure afin de laisser passer en nous la Lumière solaire.